dimanche 6 février 2011

Le retour des négociations à Cancun

La préparation du sommet de Cancún s’est avérée difficile. A la suite des négociations de Copenhague, les parties ont continué à débattre du fait de s’appuyer ou non sur les principaux éléments de l’accord de Copenhague. Ces discussions, ainsi que les deux voies de négociation parallèles (dans le cadre de la CCNUCC et du protocole de Kyoto), compliquaient la tâche, mettant en évidence
l’avenir incertain du protocole de Kyoto, du marché international du carbone et plus généralement, du processus multilatéral. De ce fait, la COP16/CMP16 ne suscitait pas de grands espoirs, mais l’absence de résultats substantiels aurait risqué d’entraîner une perte de confiance supplémentaire dans le processus de la CCNUCC.
Cancún a apporté succès et déceptions :
• Cancún a remis les négociations de la CCNUCC sur les rails. Face à certaines questions controversées, telles que le prolongement de Kyoto et  l’abandon d’un accord global contraignant, Cancún a permis des progrès significatifs en ramenant les éléments essentiels de l’accord de Copenhague dans le cadre de la CCNUCC en tant que Décisions, qui peuvent maintenant être traduites en actes. L’objectif des 2°C a notamment été consacré par la CCNUCC.
• Pas de décision concernant la forme juridique. Les objectifs d’atténuation (des pays développés et en développement) et le soutien financier ont été officiellement pris en note, mais ils restent non contraignants et souvent non spécifiés.
• Beaucoup de travail en prévision. Bien que des décisions aient été prises sur nombre de questions, la formulation est généralement très vague. Cancún marque donc le début d’une année très chargée et riche en défis, au cours de laquelle il faudra établir les institutions et les modalités concernant REDD+, le financement, l’adaptation, le MRV, la technologie et la réforme du MDP.
• Réaffirmation des marchés du carbone. Bien que l’avenir du protocole de Kyoto n’ait pas été tranché, les accords passés permettent de maintenir les mécanismes de flexibilité mis en place dans ce cadre (au moins le MDP), même en l’absence d’une deuxième période d’engagement. En outre, l’établissement de nouveaux mécanismes de marché est à l’étude.
• Des signes de confiance. La présidence mexicaine a été félicitée pour ses excellentes compétences en matière de diplomatie et de négociation pendant la conférence, qui ont permis d’établir une relation de confiance entre les Parties et de parvenir à un consensus.
• Des avancées pour les procédures des Nations Unies ? Le traitement de l’objection bolivienne (actuellement remis en cause par la Bolivie) pourrait redéfinir la notion de « consensus » au sein des négociations internationales et aider à surmonter de futurs blocages.
En résumé, les accords de Cancún sont un pas en avant. Les principales questions épineuses, qui incluent la forme juridique du futur accord sur le climat et le destin du protocole de Kyoto, restent en suspens et feront de 2011 une année de négociations intensives. Mais les résultats de Cancún sont importants parce que le grand public envisage la question du changement climatique par le prisme de ce processus. L’échec du processus n’aurait pas arrêté la montée en puissance des interventions initiées par les citoyens, mais il aurait sérieusement entamé la crédibilité des actions à ce sujet aux yeux du grand public. Malgré ce succès, les négociations ont une fois
encore souligné l’importance d’actions concrètes à brève échéance pour atteindre réellement les objectifs à long terme des négociations de longue haleine ; les actions ne peuvent pas attendre que les ultimes détails soient réglés dans le cadre de la CCNUCC, elles doivent se poursuivre maintenant, en s’appuyant sur les nombreuses initiatives pilotes déjà lancées dans bien des domaines (par exemple, REDD+).
Barbara Buchner1,
Climate Policy Initiative (CPI), directrice du bureau de Venise
barbara.buchner@CPIVenice.org

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